par Abdullah Muradoğlu
Mercredi dernier, au Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU), une résolution appelant à un cessez-le-feu urgent à Gaza, à la libération des otages et à la prévention des décès dus à la famine a été une nouvelle fois opposée par le veto des États-Unis. Sur les 15 membres du CSNU, dont 5 disposent d'un droit de veto, seuls les États-Unis se sont opposés à cette résolution.
Le même jour, au Sénat américain, trois propositions de loi du sénateur Bernie Sanders visant à restreindre les ventes d'armes à Israël à des fins offensives ont également été rejetées. Au Sénat, seules 19 sénateurs démocrates ont soutenu ces propositions. Jeudi, la Cour pénale internationale (CPI) a émis des mandats d'arrêt contre Netanyahou et l'ancien ministre de la Défense Yoav Galant. En mai dernier, le procureur général de la CPI, Karim Khan, avait déjà demandé l'émission de mandats d'arrêt contre Netanyahou et Galant.
En raison des pressions exercées par les États-Unis et Israël, ces mandats d'arrêt ont été retardés de plus de six mois. En mai 2024, le nombre de Palestiniens tués s'élevait à 35 000, dont 15 000 enfants et 10 000 femmes. Aujourd'hui, ce nombre approche les 45 000, avec 70% des victimes constituées de femmes et d'enfants.
Le mandat d'arrêt de la CPI marque le début de la fin pour le génocidaire Netanyahou. Si Netanyahou et Galant se rendent dans l'un des 124 pays reconnaissant la juridiction de la CPI, ils risquent d'être arrêtés. L'administration Biden, cependant, a une nouvelle fois annoncé qu'elle ne reconnaissait pas la décision de la CPI.
Les États-Unis et Israël font partie des pays qui n'ont pas signé le traité ayant conduit à la création de cette cour. Sous la présidence de Trump, une décision avait même été prise pour interdire aux membres de la CPI de voyager aux États-Unis, une décision que Biden a annulée.
Le président américain Joe Biden avait pourtant salué les mandats d'arrêt de la CPI contre le dirigeant russe Vladimir Poutine, déclarant que son administration aiderait la Cour dans cette affaire. La porte-parole de la Sécurité nationale de la Maison-Blanche, Adrienne Watson, avait alors déclaré : «Le procureur de la CPI est un acteur indépendant et prend ses décisions de poursuites en se basant sur les preuves devant lui. Nous soutenons que les auteurs de crimes de guerre doivent rendre des comptes». Cependant, cette même administration Biden s'oppose fermement à toute poursuite contre Israël devant la CPI. Cette attitude de double standard de la part des États-Unis, qui se perçoivent comme les garants d'un ordre international basé sur des règles libérales, a été notée.
Mike Waltz, ancien conseiller à la sécurité nationale sous Trump, a quant à lui publié un message sur son compte «X», déclarant : «La CPI n'a aucune crédibilité, et ces accusations ont été démenties par le gouvernement américain. Israël a légitimement défendu son peuple et ses frontières contre des terroristes génocidaires. En janvier, attendez-vous à une réponse forte contre les préjugés antisémites de la CPI et de l'ONU». Waltz laissait entendre que Trump, qui devrait reprendre ses fonctions de président le 20 janvier, adopterait une ligne dure contre la CPI. Accusant la CPI et l'ONU de préjugés «anti-juifs», Waltz parlait presque comme si Netanyahou lui-même s'exprimait.
La rapporteure spéciale de l'ONU, Francesca Albanese, avait, fin octobre, publié un rapport détaillant les crimes de génocide commis par Israël contre les Palestiniens. Ce rapport confirmait également les décisions de la Cour internationale de justice (CIJ) concernant Israël. Selon la décision de la CIJ, l'occupation illégale par Israël de Gaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est devait prendre fin de manière complète, définitive et inconditionnelle avant septembre 2025.
Dans son rapport, Albanese avait également invité la CPI à enquêter sur d'autres figures de proue impliquées dans le génocide perpétré par Israël à Gaza. L'ambassadrice des États-Unis auprès de l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, avait toutefois accusé la rapporteure spéciale d'être «anti-juive». La démocrate Thomas-Greenfield et le républicain Mike Waltz tenaient donc des discours similaires à celui de Netanyahou. Aux États-Unis, des groupes sionistes avaient lancé une campagne contre Albanese, tandis qu'environ 30 organisations juives anti-sionistes, pour la plupart européennes, avaient publié une déclaration commune en soutien à Albanese.
On ne sait pas si la CPI a émis d'autres mandats d'arrêt contre des Israéliens en dehors de Netanyahou et Galant. La Cour peut garder certains mandats secrets pour faciliter l'arrestation des individus concernés lors de leurs déplacements dans des pays tiers. La décision de la CPI de poursuivre Netanyahou et Galant pour «génocide» et «crimes de guerre» devrait également conduire les pays parties à la CPI à suspendre les livraisons d'armes à Israël. Par ailleurs, il reste à voir si l'Union européenne, qui agit rapidement, fermement et généreusement pour sanctionner la Russie, prendra des sanctions contre Israël, dont les crimes de génocide sont avérés.
source : Nouvelle Aube